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    VITRIOL (fanzine et funcards)

    Écrit par wilibird. Posté le Dimanche 14 octobre 2007 @ 11:41:14 par FURAX69
      Cet article est dédié à la mémoire du fanzine du club de jeux de simulation (jeux de rôles, jeux de plateau, wargames, jeux vidéo en réseau, magic ...) Les Voleurs de Bonnefoy.

    Le club fut fondé en 1987 par une poignée de potes de collège, au centre culturel du faubourg Bonnefoy à Toulouse (31), avec l'aide d'un directeur extra et un petit article dans La Dépêche du Midi à la clef ... A l'époque, on l'avait baptisé d'un nom imprononçable (CiDiPiCiSiDiDiEiF - celui qui trouve y gagne ... ma considération éternelle !), mais quand il a fallu devenir un vrai club (asso loi 1901 - ben oui, on était devenus majeurs et on nous demandait de prendre nos responsabilités !), le noyau dur ayant changé (à l'exception de votre serviteur), on a changé de nom aussi, puis rapidement déménagé à la MJC de Croix-Daurade, où des locaux magnifiques nous tendaient les bras et où nous venions réenflammer les braises d'un autre club disparu, reprenant sa mini-convention et ses soirées d'initiation grand public.

    Mais le gros projet fut le fanzine, VITRIOL, reprenant la célèbre énigme alchimique : Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem (visites les entrailles de la terre, par rectification tu trouveras la pierre cachée). D'abord orienté JdR, 2 numéros hors-série, consacrés à magic, ont vu le jour, cachant en leur sein un encart de 9 funcards à chaque fois !




    VITRIOL était le fanzine du club Jeux de Simulations "Les Voleurs de Bonne Foy" à Toulouse. Il nous occupa de l'été 1994 jusqu'à l'été 1996,tout au long de 7 numéros (du n°0 au n°6) + 2 numéros hors-série. Ce chiffre 7 avait une valeur particulière au sein de notre groupe.
    Ce n'est peut être pas un hasard si l'aventure s'est arrêtée là, bien que nous aurions
    pu continuer longtemps (j'ai encore les carnets de réalisation pour une dizaine de numéros suivants) ... mais apparemment dans des directions différentes, d'où une explication plus concrète de l'arrêt brutal de ce projet. Oui, quoi, en gros, on s'est foutu sur la gueule sur des divergences d'opinions, qui existaient depus peut être le début, mais qui étaient ressorties brutalement à l'occasion de d'échanges de courrier papier, suite à mon exil parisien pour études supérieures.
    Ces courriers avaient rapidement pris le ton acide et corrosif qui était caractéristique de notre plume de fanzine, mais nous n'avions (peut être surtout, JE n'avais) pas su faire la différence, et ces échanges écrits avaient finalement fait sortir ce que nous n'avions peut être jamais eu le courage de nous DIRE ... Ô jeunesse ennemie ...

    Bref, ce fanzine se distinguait par la volonté affichée de ne pas coller à l'actualité (impossible de concurrencer les pros ; 99% de ceux qui ont essayé se sont arrêtés, le 1% restant étant devenu ... pro !) mais plutôt de réaliser des "sourcebooks" sur divers thèmes, en compilant nos expériences, nos documents, nos essais, nos conseils, etc. Autre caractéristique : un ton acerbe, une critique violente et cynique de certains faits de société, une sorte de "Les Nuls" mais dans des thématiques à la Werber.

    Les 7 numéros réguliers (de 0 à 6) ont traité principalement d'aspects liés au jeu de rôles. Cependant, à l'été 1995 (à la mi-vie de notre aventure, mais nous ne le savions pas encore) les duels "magic" faisaient rage, certains étaient violemment contre ce jeu (et ses dérives de collectionite et de flambées des prix), d'autres y trouvaient quand même un certain plaisir.
     
     
    On a fini par se mettre d'accord sur un numéro hors-série spécial "magic", car il ne traitait pas de JdR mais d'un thème dont certains membres (dont certains rédacteurs des numéros réguliers) n'étaient pas fans. On y a compilé nos expériences de jeu, nos approches des règles et des errata, nos utopies sur le marché noir des cartes et même ... nos idées de
    funcards ! Nous étions probablement alors les premiers (français ? du Monde ? yes ! yes ! and now I feel like ... like I could ... LIKE I COULD ...
    TAKE OVER THE WORLD !!!... hum, bon, voilà, ça y est, ça me reprend ... nostalgie ;) à passer de l'idée à la réalisation concrète de ces cartes.
    C'était en juin 1995.
    Le contexte est important, autant la date (1995) que le lieu (le club des VdB) pour comprendre le sens (caché ... comme celui du nom du fanzine !) de nos cartes.



    1ère de couverture vitriol juin 1995 
     4ème de 

couverture vitriol juin 1995
     encart de 9 funcards vitriol juin 1995


    Le procédé de fabrication des cartes avait consisté à bricoler des vraies cartes pour les transformer en nos versions funs, puis d'en faire des planches de photocopies couleurs, que l'on distribuerait en encart du fanzine. Charge au lecteur de sacrifier des "drouilles" pour y coller les copies, à la manière de "proxies". Les prix des photocopies couleurs commençaient à peine à être abordables à l'époque, d'où notre choix de nous limiter à 9 cartes pour remplir une planche A4 (7, c'eût été gâcher du papier ... davantage de planches aurait fait exploser le prix de vente dufanzine, qui était d'ailleurs passé de 15 à 20 francs pour l'occasion ! nous vendions à prix coûtant).
    Le "bricolage" avait consisté à trouver des drouilles (issues de REVISED que nous achetions alors par boosters boxes entières, désespérés de ne pas arriver à finir cette foutue collection) se rapprochant le plus du projet de carte (type de sort, casting cost, couleur, etc.) ; pour la multicolore, j'avais sacrifié un gobelin doré de The Dark et pour l'artifact, je ne me souviens plus s'il s'agissait d'un uncommon de REVISED ou d'un common de Fallen Empires ... On découpait alors une fenêtre à la place de l'illustration et on fixait derrière une trading card (not game !) de nos illustrateurs préférés (Ken Kelly nous plaisait bien ...). On maquillait alors la text box ainsi que le nom de l'illustrateur d'origine grâce à nos talents de peintres sur figurines ! Puis on se livrait à d'horribles séances de dépeçage de drouilles pour extraire parfois une à une les lettres en police "goody medieval", ainsi que les symboles de mana (que je n'ai trouvé en police pour PC que fin 1996) nécessaires à maquiller le nom de la carte et les cating costs, à la façon de criminels anonymes qui découpent leur lettres dans des journaux ... Epiques les séances de collage ! A tel point qu'on a finit par jeter l'éponge et que pour l'artifact et le land, ainsi que la multicolore, nous avons finit par trouver la police G.M. pour PC et inclu le nom sur la planche de surimpression.

    Cette planche de surimpression contenait aussi le texte de la text box et l'illustrateur (sauf pour la noire, où noir sur noir était désespérant et où j'ai fini par y aller violemment à coup de blanco !), ainsi que pour le symbole d'extension. J'avais passé pas mal de temps à calibrer l'imprimante à jet d'encre du paternel pour déterminer la position de ces éléments sur une feuille A4, puis fait un tirage sur un "transparent" et enfin scotché les cartes bricolées dessous pour, ensuite photocopier le résultat final sur imprimante couleur de la meilleure qualité qui fut. D'où les petits décalages visibles parfois d'une carte à l'autre car les alignements des cartes bricolées sous cette planche transparente n'était pas parfait au moment de la copie ... Le "7" du casting cost de l'artifact n'étant bien sûr pas disponible sur d'autres cartes, il avait été imprimé lui aussi sur la planche transparente. L'alignement au centre du cercle relève du miracle ...Le choix du symbole d'extension était limité à nos possibilités de polices de caractères. Venant d'un fanzine (surtout à connotation alchimique, donc "ancienne du terroir de jadis ..."), la plume et l'encrier s'imposaient. Il fut trouvé dans Davy's Dingbats (à l'époque, une police Adobe Type 1 sous PC windows 3.11).

    Jacques Toubon : inspiré de sa chasse aux anglicismes de l'époque, et occasion de ressortir une carte multicolore (mécanisme datant de "Legends" et trop peu ré-utilisé à l'époque).

    Boycott : fut ma réponse directe à cette proposition (j'étais d'ailleurs un des rares à collectionner en anglais, les autres ne s'étant mis à magic qu'à la sortie de la traduction française, que je trouvais pourtant affreuse, et surtout très mal traduite ... et ça s'arrange pas d'ailleurs !).

    Camouflet : reprise brutale (bon, pas si brutale, on a quand même un peu adapté !) d'une carte de l'excellent Tempête sur l'Echiquier !

    Little Vulture : un délire bien à nous, et toujours dans le style TslE ... Là on a eu du mal à trouver une illustration, alors j'ai piqué une illustration à l'encre de chine d'un pote de collège, que j'ai colorié et collé sur un fond que tout le monde reconnaîtra (un peu provocateur pour une carte bleue, mais tant pis !).

    Fusion : est plutôt un exemple de création inverse, où l'effet a été construit sur l'image et non l'inverse ! Y a un léger avant-goût des "créatures-fusion" de Yu-Gi-Oh, vous trouvez pas ? Eh oui, nous étions les pros de la Noosphère (a.k.a. "Les grandes idées sont dans l'air").

    Mirror of Opposition : ou le rêve de tout joueur abonné au rouge qui est mort d'envie devant les clones et autres doppelganger de ces foutus enfoirés de bleus !

    VITRIOL & MJC Croix-Daurade : nos private jokes à nous, mais jouables ! Encore un effet de noosphère puisque VITRIOL ressemble étrangement à "Enter the dungeon" de Unhinged ... Le coût d'invocation à 7 est evidemment caractéristique. L'illustration à nouveau pioché dans les souvenirs laissés par mon pote de collège. Pour le land, les "gwyd tokens" sont inspirés d'un membre du club, surnommé Gwydion dans ses articles du fanzine, qui était désespéremment réfractaire à magic, mais à qui l'on doit quand même l'idée de base du Jacques Toubon ! Les valeurs de 7 sont à nouveau caractéristiques. L'illustration est un clin d'oeil à l'origine de notre club ... Allez, je vous aide : le 2ème "C" dans l'acronyme imprononçable (que je ne recopierai d'ailleurs même pas) de nos origines voulait dire "Cthulhiens" et cette illustration était (en N&B, mais je l'ai coloriée !) dans le livre des règles de l'Appel de Cthulhu 1ère édition en français ...

    La 9ème carte : bah, il fallait bien un argument commercial ! Quand on a entendu dire qu'un pote du copain d'un de nos membres avait un Black Lotus (oui ! un vrai ! un vrai de vrai ! même pas photocopié ni rien, et qui coûtait super cher !), ben, nous, on l'a photocopié ! hop et voilà, fin de l'histoire. Enfin, non, pour éviter qu'on nous accuse de favoriser le piratage de cartes (ça se faisait à l'époque, à Toulouse ...), on avait mis un symbole d'extension à nous histoire de bien montrer qu'on a jamais prétendu en vendre un vrai ! Et du coup, j'ai poussé le vice, là, à scanner notre fun-proxy (qui est donc lui-même déjà une photocopie), mais bon, quand on aime, on ne compte pas.

    Au final, un mini-set de 9 cartes, dont 6 préfiguraient quand même sacrément Unglued, publiée 3 ans plus tard ... D'ailleurs, en 1996, quand j'ai pris contact directement avec le super fan Stephen D'Angelo (qui allait plus tard devenir NetRep), je lui avais envoyé un exemplaire de nos VITRIOL hors-série. Considérant son rapprochement avec WotC, je me demande

    finalement s'il n'y aurait pas eu des fuites depuis chez nous ... Bon, ok, allez, on peut toujours rêver ! non ? 

     
     En 1995/96, ce fut le début de mon exil parisien (et le début de la fin du fanzine). Mon plus grand regret d'ailleurs est d'avoir tellement pourri la situation, que les copains n'ont même plus eu envie de continuer de leur côté.

    Bref, pendant qu'ils concoctaient leurs thèmes favoris pour ce qui allait être les 2 derniers numéros réguliers, de mon côté j'accédais à l'internet haut débit pendant mon stage de maîtrise en laboratoire de recherche et j'en profiter pour "aspirer" vaillamment (les outils de l'époque étaient aussi rudimentaires que les pages html écrites en noir sur fond gris !) ce
    que les collègues universitaires américains avaient mis en ligne (il y avait même pas de site web officiel de WotC !). J'accumulai bientôt suffisamment de matière pour pondre un nouveau hors-série magic, pendant que je continuai ma collection et trouvais d'autres partenaires de jeu (difficilement, car j'étais pas dans paris même mais à la fac d'Orsay ...).

    J'avais même pu réaliser un interview par email de Stephen d'Angelo, et obtenir son autorisation d'imprimer pour la première fois en France ses checklists géniales (avec les spoilers). Nous avons travaillé principalement à 2 sur ce second hors-série, qui parlait aussi en partie de Space Hulk, avec mon alter-ego et presque frère, Chris, resté à Toulouse. J'ai réussi à
    l'imprimer pour la date anniversaire du premier hors-série, et, pour une fois, VITRIOL fut distribué sur Paris avant d'être distribué à Toulouse !




    1ère de couverture vitriol juin 1996 
     4ème de couverture vitriol juin 1996
     encart de 9 funcards vitriol juin 1996



    Le procédé de fabrication fut un peu amélioré : d'un côté Chris se chargea de produire 9 templates de cartes absolument "vierges" (il avait continuer à exercer ses talents de peintre), tandis que j'imprimai une planche de surimpression complète avec tous les textes (sauf pour les mana symbols que je n'avais toujours pas en police PC et qu'on a charcutés à l'ancienne ...). Pour la carte noire, j'avais imprimé en blanc sur noir sur le transparent, puis badigeonné le verso de blanco pour que les caractères se détachent lorsque le template serait placé dessous, en espérant que la surface noire ne ferait pas "tâche" sur le template. Le symbole d'extension fut changé car mon PC ne tolérait plus les polices Type-1 et la version True Type de Davy's n'avait plus la plume et l'encrier ... Et encore un effet de noosphère puisqu'on a préfiguré le symbole de Weatherlight pile avec un an d'avance !

    • Vitriolo-elemental : gros-billisme façon VITRIOL, avec toujours le 7 caractéristique ...
    • Regis club : Gwydion (voir plus haut) avait toujours stigmatisé le "regis' club", en rapport au "qu'il est con ce régis" en vigueur alors dans "les nuls" de l'époque, pendant nos parties de JdR ; cette variation du land publié l'année d'avant était une juste évolution ...
    • Kidnapping : à mi-chemin entre la reprise d'une carte de TslE et le désir inavoué des joueurs de decks noirs de posséder un équivalent du "control magic" (décidément, les bleus font des envieux !).
    • Green Giant, Monsieur Propre & Uncle Ben's : parodies dont nous étions friants à l'époque ... Les illustrations furent pour une fois facilent à trouver (noter le (R) au lieu du (C) dans le nom d'illustrateur).
    • Vesuvan Titan & Mountain Cyclopus : dans la veine de Fallen Empires, on avait envie de pouvoir faire un deck à thème de "géants", et on trouvait qu'il n'y en avait pas assez dans le jeu. Le Cyclope aurait dû être une variation du Two-headed giant of fyoris (autre frustration due à UNLIMITED ...) mais on a préféré un effet sympa sur les murs. Le Titan aurait pu être un merfolk d'après l'illustration, mais, non, on voulait vraiment notre deck de "géants" !
    • Regis Holy Grail : la combo qu'il faut associer au Regis Club, évidemment ... Noter l'erreur de "copier-coller" un peu rapide dans l'impression de la planche transparente (j'ai oublié d'enlever le 7/7 de l'artifact creature, alors que le Holy Grail n'est qu'un artifact normal ...).

    Et voilà, encore 9 cartes de plus qui ont dû filtrer chez WotC via Stephen et les convaincre de ... Non, ok, j'arrête ! 
     Ensuite, avec le développement d'internet, du site de Wizards et ceux des fans (dont un certain Thierry S.), ce genre de fanzine perdait en intérêt. Et avec nos dissensions (euh ... non là cette fois c'est pas un effet de noosphère !) internes, et nos autres préoccupations (les filles, les études ...), l'aventure VITRIOL s'est arrêtée.
    Le club des VdB a cependant continuer de fonctionner pendant quelques années (le bureau et surtout notre Prez bien aimé ayant été épargné par l'aventure VITRIOL qu'il ne suivait, certes d'un oeil bienveillant, mais que de loin). Il a fini par quitter le MJC pour ne continuer que sous forme de parties privées et actuellement il ne doit plus rien en rester, si ce n'est ces quelques adresses trouvées dans google (à l'époque,l'internet grand public balbutiait, et personne ne s'était lancé dans la mise en ligne d'un gros site du club ou du fanzine, n'y voyant probablement aucun intérêt alors ... il y a eu quelques essais, mais qui sont morts avec les hébergeurs-startup qui avaient été choisis ... on a pas étévisionnaires, là, pour le coup !) :



    http://marty.pb.free.fr/Vitriol/ (versions PDF de quelques extraits des premiers numéros)
    http://marty.pb.free.fr/RdD/ (le meilleur du numéro 3, consacré au JdR Rêve de Dragon)
    http://mdmondes.free.fr/magazine/fanzines/lisfanz.htm (lien externe, historique)
    http://sansregle.free.fr/index.php?page=evenements (lien externe, historique)


    Voilà, merci de m'avoir accompagné dans cette retrospective pleine de nostalgie ... Et comme on disait à l'époque, vous pouvez éteindre votre écran et reprendre une activité normale !


    Philippe "WilyBird" Marty
    26 septembre 2007




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